Tout a débuté à la demande des élèves de faire du théâtre…
L’école Monseigneur de Laval est la deuxième école francophone ouverte en Saskatchewan et se situe à Regina. L’enseignement y « favorise le développement de l’identité francophone des élèves grâce à une programmation enrichie, à l’engagement des parents, des familles et de toute la communauté fransaskoise envers la réussite scolaire » (site web de l’école). Et cette réalité est bien visible dans les projets éducatifs où le ludique est partie intégrante de la pédagogie. Cette aventure de l’intégration du ludique dans les apprentissages répondait à la demande des élèves de faire du théâtre et l’équipe pédagogique y a répondu en mettant en commun les connaissances, compétences et expériences de tout le monde. En utilisant l’art dramatique et le jeu de rôle, et en ayant comme point de départ la thématique de la machine à remonter le temps, les différents projets ont suscité la motivation, le plaisir, le jeu, la découverte tout en mettant l’accent sur les intérêts des élèves.
Les enseignantes et les enseignants de 3e, 4e, 5e et 6e ont bien voulu partager avec nous le « projet labyrinthique » avec les référents culturels fransaskois inclus dans tous les projets éducatifs et ludiques de l’équipe pédagogique du pavillon de l’élémentaire. Ces enseignant(es) ont non seulement reçu le soutien de leur direction, mais également celle des parents et des membres de la communauté francophone. Les élèves au cœur des projets ont tenu un rôle très actif et central, comme nous allons le découvrir.
Mme Élodie Louise, enseignante de 3e, avait pour thème à l’étude le drapeau fransaskois. Ce projet s’est déroulé en neuf étapes : besoin d’un drapeau, organisons un concours, diffusion du concours, dessinons le drapeau, choisissons le drapeau gagnant, révélation du drapeau, vol du drapeau, levée du drapeau et le gouvernement de la Saskatchewan.
Avec Mme Stéphanie Pain, enseignante de 4e, les élèves ont visité la cathédrale de la ville de Gravelbourg, chère aux Franco-Fransaskois et Fransaskoises, avec un guide francophone. Des jeux ont été organisés autour de ce bâtiment historique. Au cœur de l’hiver, les élèves ont également visité l’Assemblée législative. La rencontre avec David Bouchard a permis aux élèves de découvrir les Métis de la Saskatchewan et d’en apprendre plus sur eux.
Dans l’autre classe de 4e, ce sont Mme Samira Moussalim, enseignante et aidée de sa stagiaire Mme Ambre qui ont déployé toute leur énergie pour mettre en place des activités ludiques : des jeux de rôle et de la théâtralisation. Les élèves ont joué le rôle d’étudiants en sciences juridiques. Ils ont travaillé sur l’histoire des procès en français en Saskatchewan, avec différents personnages, dont Louis Riel et Père Mercure. Pour rendre cette expérience plus authentique, M. Dana Brûlé, Procureur générale du Roi, a accepté l’invitation des élèves et les discussions ont tourné autour des droits des enfants et des lois linguistiques en Saskatchewan. Cela a permis d’aborder le rôle et la responsabilité du gouvernement en Saskatchewan et le statut de la langue française. Une visite de la Cour suprême à Regina a même été programmée, et ce projet a ainsi permis aux élèves de découvrir les métiers et les fonctions exercées dans le domaine juridique.
Pour la partie théâtralisée du projet qui a mis de l’avant la thématique de la diversité culturelle, la fête de promotion organisée après la cérémonie de remise de diplômes fictifs a permis de mettre en scène deux familles imaginaires aux cultures et traditions différentes et dont le point commun était la langue française. Pour cette partie du projet, Anne, une maman d’élève, a rejoint l’équipe pédagogique pour « jouer » le rôle d’une des mamans des deux familles, alors que l’autre a été interprétée par Samira. Des « secrets » ont été échangés à propos de la culture des parents. Ce projet intégrant les aspects culturels, liés à la musique, aux traditions culinaire, vestimentaire et sociale, etc., a nécessité la création du scénario de l’histoire, puis son interprétation. Les élèves ont joué différents rôles, comme le rôle de narratrice de l’histoire, celui de DJ pour la soirée de danse, ou encore interpréter les enfants des mamans, etc. Ainsi tout le monde a joué un rôle, et chacun a contribué au spectacle, soit par la création des décors, des costumes, des accessoires et par les choix musicaux pour accompagner la pièce. Par exemple, c’est lors de la visite de la ville de Willow Bunch, que les élèves ont rencontré une famille d’artistes musiciens francophones : les Campagne, à qui les élèves ont emprunté la musique qui a été utilisée comme trame sonore et accompagnement lors de la fête qui a suivi la cérémonie de remise des diplômes. À la fête de promotion, tout le monde a mangé et dansé. La vidéo réalisée pour immortaliser la réalisation des élèves reflète leur plaisir et leur engagement.
La participation de l’Association des juristes d’expression française de la Saskatchewan, ainsi que celle des artistes francophones et celle des parents dans ce projet pédagogique, démontre aussi le fort engagement de la communauté francophone.
En 5e, la classe de Kouamé Nzian s’est rendue sur le site de la bataille de la Batoche qui s’est déroulée entre les 9 et 12 mai 1885, et a ainsi pu étudier l’histoire qui y est liée. C’est là qu’a eu lieu de dernier grand affrontement de la Résistance du Nord-Ouest, avec Louis Riel, les Métis – dont Gabriel Dumont – et les alliés des Premières Nations, contre les troupes gouvernementales. Les élèves ont également préparé et enregistré une entrevue avec Laurier Gareau, auteur, dramaturge, metteur en scène, comédien et historien francophone, dont l’œuvre révèle une forte complicité avec les Métis.
Les élèves de 6e, avec leur enseignante Mme Hind Rami, ont choisi, quant à eux, le thème du Géant Beaupré. Ils ont étudié le roman éponyme puis ils ont réalisé une ligne du temps, qui met en exergue les événements importants de sa vie. Ils ont créé une saynète dont l’idée initiale était le voyage à travers l’histoire grâce à une machine à voyager dans le temps. Pour ce projet, les élèves se sont vu confier les tâches d’auteurs, ainsi que des rôles d’acteurs, de journalistes, de documentalistes, de concepteurs, de décors, de costumes, etc. Ce projet, pour lequel on a donné carte blanche aux élèves, a nécessité leur engagement et leur collaboration pour la réalisation de la machine à voyager dans le temps et aussi pour la création d’une nouvelle langue aussi. Pour les costumes, l’implication de la communauté a été importante avec l’Association Canadienne Française de Regina qui a généreusement mis à disposition les costumes. Ce projet dans lequel les élèves ont beaucoup appris et où ils ont fait preuve de créativité leur a inspiré la création d’un musée dédié au Géant Beaupré.
Gravelbour, « le bijou culturel » de la Saskatchewan au caractère bilingue, a permis aux élèves de voir concrètement la vitalité du français dans les trois institutions d’enseignement en français, dont particulièrement le collège Mathieu, le seul collège postsecondaire technique et professionnel en français de la Saskatchewan, fondé en 1918.
Toutes les personnes engagées dans ces beaux projets se réjouissent de voir leur aboutissement en fin d’année scolaire et de les partager avec les autres élèves de l’école, la communauté et avec les membres du réseau.