Apprendre à (re)connecter avec le groupe
Voilà un atelier de formation professionnelle qui change de ce qu’on a l’habitude de voir ! Pas de contenu pratico-théorique et alambiqué, ni de powerpoint ultra-structuré. C’était une expérience humaine et organique où le matériel n’est pas présenté point par point, mais directement intégré à la rencontre et vécu par les participantes et entre elles. Le 9 mai 2023, Sylvie Mazerolle donnait un atelier virtuel intitulé : Comment intégrer l’apprentissage socio-émotionnel et le bien-être dans l’ensemble d’une classe, d’une école ou d’un district scolaire?
Présent.e ?
L’atelier débute avec une présentation ma foi lambda, mais il y a ce petit quelque chose en plus qui fait tout, et qui nous plonge dans l‘approche inclusive et bienveillante promue par Sylvie. En invitant le groupe à se présenter dans le chat en incluant, s’il le désire: nom, pronom(s), ville, et territoire de la nation autochtone locale, la formatrice offre un juste espace à l’identité de genre et à la reconnaissance territoriale autochtone.
Puis, toujours sur invitation, on a indiqué comment on se sentait en termes de participation. Évidemment c’est un statut qui peut évoluer au fil de la rencontre ou de la séance, mais indiquer son état d’esprit fait office de contrat implicite avec la personne qui mène la discussion. Quelque soit ma situation (que je me sente active, engagée ou en apprentissage), les modalités de participation que j’ai choisi seront respectées par le groupe.
- Je me sens actif.ve = j’ai envie et je suis à l’aise à participer en grand groupe
- Je me sens engagé.e = je préfère participer en petit groupe seulement
- Je me sens en apprentissage = je suis en retrait de la discussion, mais en observation
Les effets sont immédiats… la crainte de ne pas être entendu.e ou, au contraire, d’être pointé.e du doigt disparaît. Un climat de confiance s’installe progressivement.
En mode virtuel, c’est une information qui peut être partagée dans le chat, mais en présentiel et surtout en salle de classe on pourrait imaginer un outil physique qui renseignerait le groupe de la même manière. C’est d’ailleurs une idée qui me fait penser au Tétra’aide, un outil de travail ludique qui facilite la coopération et peut être personnalié en fonction des besoins et des contextes (gestion de la parole, animation d’une séquence, entraide, etc.).
Le check-in : une pratique pour se rencontrer
Faire un tour de table en début de rencontre est une pratique de plus en plus courante où, l’une après l’autre, les personnes partagent ce qu’il se passe actuellement dans leur vie. L’intention est bonne, mais en fonction du moment de la journée, de l’état d’esprit de chacun.e, et de la direction de la discussion, cela peut parfois vite devenir une charge supplémentaire pour le groupe, comme un point à l’ordre du jour qu’on ajouterait juste avant la clôture…
Alors voici une alternative au classique tour de table : le check-in, une alternative testée et approuvée par l’ensemble des membres présents à l’atelier !

Les systèmes compatissants de leadership, ou compassionnate systems leadership
Derrière ces pratiques inclusives et bienvaillantes se cache un cadre théorique complexe, mais porteur de sens. Il s’agit de l’approche des systèmes compatissants de leadership sur laquelle ont travaillé Peter Senge et Mette Miriam Böll.
- L’approche des systèmes compatissants de leadership (SCL) comprend un cadre intégré pour le développement de capacités et de connaissances qui renforcent la capacité des individus et des collectifs à faire progresser efficacement les initiatives de changement systémique. Le SCL développe des compétences et des pratiques dans trois domaines interconnectés : la maîtrise personnelle, les interactions réflexives ou génératives et la pensée systémique.
- Le SCL s’appuie sur des pratiques efficaces pour développer la perspicacité et le bien-être des individus et les étend pour inclure le renforcement des relations interpersonnelles tout en approfondissant la compréhension de la manière dont l’ensemble du système contribue aux résultats. (traduction libre, compassionates systems leadership)
Sylvie nous a brièvement présenté la figure de l’iceberg (Senge, 2006) afin de mieux comprendre différentes couches mentales, sociales et systèmiques qui influencent les réactions et comportements individuels. En bref, il ne s’agit pas de seulement réagir aux symptômes visibles, mais de transformer en profondeur les mécanismes qui en sont la cause.

La clôture optimiste : une pratique pour mieux se retrouver
Puis on se quitte sur une dernière réflexion… Qu’est-ce que je rapporte avec moi ? Une question qui donne l’occasion de partager son état d’esprit, sa gratitude, mais aussi les apprentissages qui ont été faits, les choses qui nous ont supris.es et les découvertes qui nous ont marqué.es par exemple. L’espace demeure ouvert au dialogue, sans que la participation à celui-ci soit imposée.
Encore une fois, il s’agit d’une pratique qui pourrait être intégrée en salle de classe, lors d’une rencontre d’équipe, suite à un évènement spécial, etc.
Et toi, à la fin de cette lecture, que rapportes-tu avec toi ?
À propos de Sylvie Mazerolle
Sylvie Mazerolle (elle) est maître praticienne certifiée en Compassionate Systems Leadership (MIT), basée à Nelson BC, sur les territoires Sinixt. Elle est directrice de l’École des Sentiers-Alpins et secondaire de Nelson en Colombie-Britannique (sur les territoires Sinixt) ainsi que membre du Réseau canadien des écoles ludiques. www.systemsawareness.org
Résumé de l’atelier écrit par Alison Cattani-Nardelli